La Saoura... suite

Le Gourara Timimoun
Le Gourara, c’est d’abord une couleur ; le rouge, mais pas n’importe lequel, le rouge désert.
Celui de sa reine, Timimoun, oasis entre les oasis. Cet ocre si particulier qui pare les maisons, les édifices publics et même les monuments aux morts, resplendit dans la lumière, contraste superbe avec le sable d’or et le bleu du ciel.

Le bleu de l’eau aussi. Timimoun est connue à travers le Sahara pour la splendeur de ses jardins et le mystère de ces noms aux consonances marines : Aguelman (lac), El Mers (le port), El Mersa (la rade), du temps de cet ancien lac, mort il y a des siècles.
Reste aujourd’hui de l’eau en abondance qui circule dans les canaux de l’un des plus géniaux systèmes d’irrigation inventés par l’homme, unique au monde, les foggaras.
Cette abondance, accompagnée d’un travail harassant d’entretien, permet la naissance de potagers lumineux, de vignes, de figuiers, d’amandiers…

Un véritable paradis que la population d’origine diverse (Haratines, Zénètes, Chaâmbas, Chorfas, etc.) s’emploie à préserver.
Timimoun, c’est aussi la célèbre fête du S’boue, farandole de musique, de danse et de chants sacrés, commencée le jour du Mouloud et close six jours plus tard (le s’boue, soit septième jour) en apothéose à El Hafra, près du mausolée de Sidi El Hadj Belkacem, en présence de milliers de spectateurs venus des zaouïas de toute la région.
El Meniâa Vaste oasis située au nord-est de Timimoun, que surplombe un vieux et célèbre ksar, El Meniâa a été fondée sur le site de l’ancienne Taourit zénète (IXe au XIe siècle). Sa grande palmeraie est irriguée par des puits artésiens creusés dans le lit de l’oued Sougueur.

Le Touat
Du sud du Gourara, s’ouvre le Touat, entre l’aride plateau de Tadmaït et la plaine du Tidikelt. De son nom zénète – touat est le pluriel de tit ou source –, comme de sa position géographique, cette région est au croisement de nombreuses voies de communication dans le Sahara, en particulier la route du Mali. Immense plateau blanc, rompu par les oasis qui adoptent le même ocre que Timimoun, c’est au coeur du Sahara central, véritable fournaise en été, que vous vous trouvez.

Adrar
Ici aussi, les foggaras sont reines. Ici, comme à Timimoun, les vergers resplendissent au point qu’Adrar est devenue une capitale agricole de l’Algérie moderne.
Capitale de la tomate saharienne, la cité actuelle, qui a sa fête annuelle en mars, sait faire oublier sa modernité, notamment aux curieux quiauront le courage de s’aventurer à Tamentit, à une douzaine de kilomètres.
Cette oasis surplombée d’un ksar fut un ancien centre spirituel, qui rayonnait bien au-delà de la région, jusqu’au Mali.
Adrar, c’est aussi la dernière étape avant le fameux et mythique Tanezrouft, « le pays de la soif », immense plateau s’étendant sur 800 kilomètres…
Plus au sud, enfin, Bordj Badji Mokhtar, ancien fort en ruines, aujourd’hui ville frontière reliée à Alger par la transsaharienne, à plus de 2 000 kilomètres plus au nord…

Le miracle des foggaras
L’abondance de la végétation en eau n’est pas, dans le Touat et le Gourara, la conséquence d’une situation climatique exceptionnelle. Ici, l’aridité du désert est la règle.
Seule l’action de l’homme a permis la vie. Les communautés, depuis longtemps, vraisemblablement depuis l’Antiquité, ont mis au point l’un des systèmes les plus perfectionnés et les plus ingénieux d’irrigation et d’alimentation en eau, en tout cas l’un des plus étonnants aussi : les fameuses « foggaras », galeries souterraines creusées à travers les formations aquifères, généralement gréseuses, où l’eau est captée par capillarité, et qui à ce jour font l’admiration des techniciens modernes de tous bords.
La pente de ces conduites est calculée de telle sorte que, par le seul jeu de la pesanteur, l’eau s’écoule jusqu’au lieu de son utilisation.

Parfois, ce drainage souterrain s’enfonce sur plus de dix kilomètres à l’intérieur des plateaux, - 4000 kilometres au total sur le Touat. Or il faut retenir que généralement, le passage des conduites permet tout juste celui d’un homme, accroupi de surcroit. Il y a certes, en moyenne tous les dix mètres, une « cheminée » d’aération qui s’ouvre au dessus du boyau.

A vous d’imaginer le reste...